viernes, 30 de octubre de 2015

l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances.


Hippolyte Taine expliquait également, en 1865, que
Du roman à la critique et de la critique au roman, la distance aujourd'hui n'est pas grande. Si le roman s'emploie à montrer ce que nous sommes, la critique s'emploie à montrer ce que nous avons été. L'un et l'autre sont maintenant une grande enquête sur l'homme, sur toutes les variétés, toutes les situations, toutes les floraisons, toutes les dégénérescences de la nature humaine. Par leur sérieux, par leur méthode, par leur exactitude rigoureuse, par leurs avenirs et leurs espérances, tous deux se rapprochent de la science.
« Floraison » et « dégénérescence » : on touche ici au cœur de la pensée irrationnelle bourgeoise, sa conception vitaliste.
Émile Zola s'appuie de fait sur Hippolyte Taine et reprend en épigraphe de la deuxième édition de Thérèse Raquin la fameuse phrase d'Hippolyte Taine dans son Introduction à l'histoire de la littérature anglaise (1864) : « Le vice et la vertu sont des produits comme le vitriol et le sucre. »
Émile Zola est ainsi, au départ, un romantique, dans la ligne d'Alfred de Musset, de Victor Hugo, il rejette totalement le réalisme. Il ne va devenir naturaliste – et donc pas du tout réaliste – que sous l'influence d'Hippolyte Taine et du « prince » de la vivisection Claude Bernard, alors que lui-même était devenu journaliste.
C'est-à-dire qu'Émile Zola est un intellectuel idéaliste, romantique, qui a formulé une conception idéologique de la bourgeoisie conformément aux besoins de l'époque. Le naturalisme d'Émile Zola, c'est celui d'Hippolyte Taine et de Claude Bernard, c'est celui de la bourgeoisie, dans l'esprit du vitalisme.
Thérèse Raquin se voulait un roman à caractère scientifique. Déjà décadent comme la vivisection, Émile Zola entendait un faire un « succès d'horreur » en parlant du meurtre impuni d'un mari par la femme et l'amant, qui alors basculent dans la culpabilité et le remords.
Il est intéressant de voir comment Zola lui-même résume cela, dans un esprit à prétention scientifique mais déjà focalisé sur le fait divers :
En deux mots, voici le sujet du roman : Camille et Thérèse, deux jeunes époux, introduisent Laurent dans leur intérieur. Laurent devient l'amant de Thérèse, et tous deux, poussés par la passion, noient Camille pour se marier et goûter les joies d'une union légitime. Le roman est l'étude de cette union accomplie dans le meurtre ; les deux amants en arrivent à l'épouvante, à la haine, à la folie, et ils rêvent l'un et l'autre de se débarrasser d'un complice. Au dénouement, ils se suicident.
On est là dans une tendance à ne considérer que l'individu, dans une vision « biologiste » à apparence scientifique, alors qu'en réalité on est déjà dans le « psychologique » typiquement bourgeois. On sait d'ailleurs comment Zola résumera l'approche naturaliste :
L'étude des tempéraments et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances.

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