Contexte
historique
Considéré
comme le peintre de la rupture avec la peinture officielle au milieu du XIXe
siècle, Manet n’a qu’une célébrité de scandale au début de sa carrière. Zola, qui n’est encore qu’un
jeune journaliste débutant dans la critique d’art, décide de se constituer de
manière retentissante l’avocat de Manet et de défendre cette « nouvelle manière en peinture
», libérée des conventions académiques au profit de l’observation directe de la
réalité moderne. Pour le remercier de son précieux soutien, Manet fait son
portrait.
Analyse
de l'image
C’est dans
son atelier que Manet a soigneusement « mis en scène » Zola, dans un univers
destiné à rappeler ses activités et ses goûts. Installé à sa table de travail,
encombrée symboliquement d’un encrier avec une plume de paon et surtout de
livres et brochures dont la plaquette bleu ciel au nom de Manet, en guise de
signature du tableau, que Zola a publiée à l’occasion de l’exposition
particulière du peintre en 1867, le jeune critique d’art lit distraitement un
livre d’art illustré. Dans un cadre sur le mur sont glissées une estampe
japonaise représentant un lutteur de sumo, l’une de celles que collectionnait
le peintre, une gravure d’après Los Borrachosde Vélasquez et une
photographie en noir et blanc d’Olympia qui, contrairement à
l’original, détourne la tête vers Zola et lui lance un regard complice comme
pour le remercier d’avoir été l’un de ses rares défenseurs.
A travers tous ces indices, le peintre dévie subtilement du seul portrait de Zola vers leurs goûts communs, et surtout sur lui-même.
A travers tous ces indices, le peintre dévie subtilement du seul portrait de Zola vers leurs goûts communs, et surtout sur lui-même.
Interprétation
Ce portrait,
accepté au Salon de 1868, révèle au grand public l’effigie de ce jeune
journaliste polémique qui vient de publier Thérèse Raquin et
nourrit de grandes ambitions littéraires. De plus, il consacre publiquement
l’association intellectuelle des deux hommes au moment même où Baudelaire qui,
le premier, a vu en Manet « le peintre de la vie moderne », disparaît
lentement. Mais Zola, qui a offert au peintre la défense la plus vibrante et la
plus nourrie de toute sa carrière, sera bientôt déçu par la direction «
impressionniste » prise par le peintre dans les années 1870 et exprimera dès
lors une grande incompréhension devant sa peinture et les nouveaux courants
d’une manière générale.
Comme plusieurs peintres illustres – Delacroix avant lui, Picasso après lui –, Manet a eu, en plus de son génie propre, celui d’attirer de grands écrivains, de Zola à Mallar.
Comme plusieurs peintres illustres – Delacroix avant lui, Picasso après lui –, Manet a eu, en plus de son génie propre, celui d’attirer de grands écrivains, de Zola à Mallar.
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